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Le Zen, une pensée qui imprègne la culture japonaise

     Bonjour bonjour !

En cette période d'examens, le stress commence à monter et on se retrouve tous débordés par les révisions et les devoirs à rendre. C'est pourquoi il devient vite nécessaire de parvenir à garder son calme, et c'est pourquoi je vais vous parler ici du Zen !

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     Le Zen qu'est-ce que c'est ?

Et bien, avant d'être simplifié dans nos contrées par le biais d'expressions du genre ''reste zen'', etc etc... Le Zen c'est au départ un courant bouddhiste qui s'est véritablement implanté au Japon au XIIe siècle. Le Zen s'inspire de plusieurs aspects de religions ou de courants bouddhistes étrangers, notamment le taoïsme chinois auquel il emprunte le symbole d'équilibre du yin et du yang, ou encore le bouddhisme indien avec la mise en avant de la méditation.

Le Zen est un courant bouddhiste assez particulier puisqu'il se base sur la mise en doute de toute chose, y compris de l'existence de Bouddha (dans certains monastères les images du maître servent carrément à alimenter le feu!) L'objectif du parcours personnel dans le Zen, c'est d'atteindre l'éveil (Satori), ce qui correspond à rien de moins que la compréhension de la nature fondamentale de l'homme.

Pour atteindre cet éveil, différents chemins s'ouvrent aux jeunes disciples. L'école Rinzai par exemple, met l'accent sur l'usage des kôan : des questionnements qui mettent en déroute tout raisonnement et qui sont proposés par le maître à son élève pour que celui-ci parvienne à l'éveil par le doute. Un exemple de kôan parmi les plus célèbres est « Quel son produit le claquement d'une seule main ? » Ici le but n'est pas de répondre à la question par un raisonnement logique mais plus de ''questionner'' la question pour parvenir à la dépasser et trouver l'éveil. Rassurez-vous, la notion est volontairement difficile à comprendre... Pour moi aussi...

     Le Zen dans les arts traditionnels japonais.

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Au moment de son expansion au XIIe siècle, le Zen a donné naissance et inspiré de nombreuses formes d'art. Ici nous allons aborder seulement trois exemples mais sachez que ce ne sont pas les seuls ! On peut commencer par s'intéresser à l'art du jardin. Tout le monde a en tête des images de jardins traditionnels japonais. Ici, contrairement aux jardins français qui sont parfaitement géométriques, on cherche à se tourner vers la nature sans non plus l'imiter complètement ! Ces jardins sont voulus propices au silence, au recueillement et à la contemplation.

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Un autre exemple intéressant, c'est celui de l'estampe. Ici seuls quelques traits marqués au pinceau servent à définir des formes et des paysages. On a une idée d'épurement assez importante: le Zen s'attache à l'essentiel. Cette idée d'épurement dans le dessin se retrouve souvent quand on s'intéresse à l'animation japonaise, on dira souvent de Miyazaki par exemple qu'il arrive à dessiner toute une palette d'émotions sur les visages de ses personnages avec seulement quelques traits.

Le dernier exemple qui va m'intéresser ici est celui de la poésie avec cette forme poétique typiquement japonaise du haïku. Ce sont des poèmes très courts, seulement 17 syllabes, qui ont pour but de décrire un instant, de capturer un moment de vérité. Je vous en propose quelques exemples :

               « Dans la gelée blanche du sentier

               Épanoui, oublié

               Un pissenlit »

                                                             Buson

Et un plus drôle je trouve :

               « Après avoir tué la mouche

               Un moment de paix

               Dans la petite chambre »

                                                   Ho-tei

On retrouve dans ces seules 17 syllabes (en japonais évidemment, en français ça en fait souvent plus, soyons logiques) l'idée d'épurement si caractéristique des œuvres Zen. Mais aussi et surtout cette importance de savoir apprécier et regarder l'instant présent, ce qui peut souvent paraître dérisoire. On retrouve ici aussi cette proximité avec la nature qu'on avait déjà dans les jardins japonais et qui vient peut-être d'une influence du shintoïsme dont les lieux de culte et les divinités sont souvent directement liés à la nature.

     Un roman/kôan ?

Maintenant nous allons nous pencher sur la production artistique japonaise plus contemporaine. On va voir à travers l'exemple que j'ai choisi que le Zen a largement influencé des auteurs plus contemporains, dans la littérature par exemple.

Intéressons nous donc à un roman de Yasunari Kawabata, Pays de Neige (1948).

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« À trois reprises, Shimamura se retire dans une petite station thermale, au cœur des montagnes, pour y vivre un amour fou en même temps qu’une purification. Chaque image a un sens, l’empire des signes se révèle à la fois net et suggéré. Le spectacle des bois d’érable à l’approche de l’automne désigne à l’homme sa propre fragilité. »

Dans ce roman, on retrouve cet intérêt pour l'instant que nous avions dans les haïkus. Il se traduit ici par de longues phases de description de paysages, d'états d'âmes... Le récit est assez lent et la narration est souvent délaissée au profit de la contemplation. En d'autres termes, la logique et l'action se perdent au profit de la beauté simple et épurée d'un feuillage d'automne ou d'une cime enneigée. C'est exactement l'esprit du Zen que j'ai décris plus haut !

Dans cette station thermale, Shimamura fait la rencontre de deux femmes qui le fascinent. Pendant tout le récit il cherchera à comprendre les liens qui les unissent et les raisons qui les motivent à agir comme elles le font, mais toutes les réponses lui seront systématiquement cachées, elles le seront aussi pour les lecteurs que nous sommes. Ce qui rend au final la narration assez incompréhensible et apparemment illogique, comme un kôan ! Shimamura, confronté à cette énigme, finira enfin par trouver l'éveil quand il décidera d'admettre les choses sans les réfléchir. Alors, tandis qu'il regardera la Voie Lactée, celle-ci se ''fondra en lui''.

Ainsi, ce roman et le séjour dans la station thermale deviennent une représentation du parcours initiatique du jeune bouddhiste par la confrontation à un kôan. A la fin, Shimamura parvient à atteindre l'éveil en se fondant complètement avec le Monde.

     Une philosophie de vie.

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Plus qu'une religion, le Zen se veut être une leçon de vie, une manière simple et essentialiste de regarder la réalité. Pas besoin de chercher à tout raisonner, il suffit d'arriver à prendre les choses directement comme elles sont. Pour prendre un exemple bien récent, si vous voulez vous faire une idée de ce qu'est l'état d'esprit du Zen, allez voir Docteur Strange (et aussi l'article du collègue Antonin dessus qui est très intéressant!) Les idées transmises par le groupe religieux dans lequel le docteur travaille sa magie sont assez proches de celles transmises par les maîtres Zen.

Après ça, sachez que ce sujet est très vaste, au moins autant que passionnant. Et du coup, je n'ai pu en aborder qu'une infime partie. Je vous avise donc que cette article est en fait le premier d'un diptyque que je conclurai la semaine prochaine ! Nous parlerons donc de l'influence du Zen sur le cinéma japonais contemporain, et peut être, le jeu vidéo.

En attendant, j'espère que la lecture a été agréable et intéressante, allez vite lire Pays de Neige qui est un bouquin génial, et je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel article Japon !

Simon MORGAN


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