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Techno transversale et moine psyché

 

Bonjour ! (Commençons par là parce que selon des sources sûres du “terter” ne pas dire bonjour peut conduire à un violent “niquage” de mère). Les contraintes de politesse élémentaires ayant été expédiées on va pouvoir passer au concret : la chronique sonore que je vais rédiger chaque semaine pour le bonheur (ça reste à prouver) de vos délicates esgourdes.

Des coins les plus sombres de l’internet jusqu’au fin fond du bac promo d’un rayon comédie musicale de la Fnac, ma quête frénétique de musique m’amène à écouter une grande quantité de son à la qualité variable. Pas d’inquiétudes, je ne donnerai ici rien à entendre que je n’aurai pas testé sur moi-même au préalable (que ne ferais-je pas pour vous <3). Et on commence fort ! J’ai pris des risques. Voyez donc la photo de l’individu qui nous intéresse aujourd’hui

 

Jacque(s), 24 ans et musicien transversale - Copyright Oh Jude

 

Bon, en fait je suis injuste. A vrai dire quand j’ai vu sa tête de moine teuffeur ça a tout de suite éveillé ma curiosité. Le type s’appelle Jacque(s) et fait de la musique transversale, le respect s’impose. Passée la surprise capillaire, je me suis plongé dans son univers sonore en m’écoutant son EP  Tout est magnifique sorti chez Pain surprise le 23 mars 2015. Et autant vous dire que j’ai pris une claque.

 

Bricole moi un bon son

Que ce soit dans ses clips ou même lorsqu’il parle de sa démarche on sent qu’on a affaire ici à un bricoleur, au sens noble du terme. Attention les oreilles car Jacques vous donnera à entendre perceuse, tintements métalliques, entrechoquements de verres, grincements de bois, craquements de briquets. Dit comme ça on a du mal à s’imaginer comment le tout peut former un ensemble musical harmonieux. Et pourtant ! Jacques réussit a en faire des rythmes et des mélodies.  En plus d’être audacieux ces agencements des bruits du quotidien donnent à sa musique un aspect organique très agréable à l’oreille et surprenant (en mode : t’es dans la rue, et là d’un coup gros bruit de crissement de pneus, tu te retournes comme un con pensant qu’un mec essaie de te rouler dessus alors qu’en fait c’est Jacque(s) qui t’a glissé une surprise au détour d’une mesure). Le tout est rehaussé par des nappes, sweep et autres bleep synthétiques tout droit sortis de ses machines folles donnant un supplément de chaleur à ses compositions. La construction des morceaux, dans l’esprit « minimal », fait la part belle au son en le plaçant au premier plan.

 

Cette EP dégage aussi une grande spiritualité qui se confirme lorsqu’on lit des interviews de l’artiste. C’est un mec au parcours atypique : parti sur Paris après son bac pour vivre de sa musique il a joué dans plusieurs groupes sans être satisfait puis a fait le tour des squats artistiques (vous pouvez le voir dans "chronique d'un squat de Maxime Gaudet", docu super sympa je vous le conseille) pour enfin s’engager pleinement dans la musique qu’il produit actuellement. Une constante chez lui est qu’il a toujours réalisé les bricolages musicaux qu’on lui connaît aujourd’hui. D’abord pour s’amuser en plus de ses autres projets puis, au fur et à mesure de son parcours artistique, ils sont devenus son principal mode d’expression musicale.

Au fil de son évolution en tant qu’artiste et individu, Jacque(s) s’est aussi bricolé sa philosophie en glanant des idées au gré de ses voyages et de ses expériences. On peut le trouver allumé ou génial, toujours est-il qu’on le sent honnête et généreux dans sa démarche. Il nous en donne un aperçu dans son clip Tout est magnifique où il nous présente des lieux, des objets, des paysages qu’il a visités, des moments qu’il a vécus. Il y apparaît au premier plan en exécutant toujours le même geste où il désigne le reste de la scène, (dit comme ça, ça à l’air plutôt con j’en conviens) comme s’il nous faisait offrande, ce Tout  qu’il trouve si magnifique, qu’il se plaît à harmoniser pour nous en son comme en image.

 

FIN.

@+ la bise.

 


C'était pas vraiment la fin

C’est bizarre, c’est terminé mais j’ai quand même envie de vous lâcher un petit supplément. Sûrement que la générosité de l’ami Jacques est contagieuse. Allons donc ! Soyons fous, faisons des parallèles (pas si facile que ça avec de la musique transversale LOL).

 

Si je devais faire un parallèle avec d’autres artistes, je dirais que l’ami Jacques me rappelle, dans son esprit, les gars de Salut c’est cool. Eux aussi sont des bricolos remplis d’amour. Pas étonnant que Jacques se soit joint à eux au Grand Carène le 31 octobre dernier pour un concert !

Salut c’est cool qui fait du ping-pong - www.lacarene.fr

 

Sur un aspect plus technique on peut rapprocher notre tondu préféré du Brandt Bauer Frick Ensemble, eux aussi friands de l’usage de sons atypiques agencés pour créer des morceaux minimal. Je vous mets leur morceau Bop parce que c’est mon préféré. On peut aussi citer, véritables défricheurs du bricolage sonore et précurseurs des musiques électroniques actuelles, Pierre Henry et Pierre Schaeffer. Je vous conseille Psyché Rock du premier Pierre cité (Le premier qui me trouve la série qui s’est inspirée de cette musique pour son générique et qui le poste sur twitter avec le hashtag #StayAwake #chroniqueMusicale, gagnera un cappucino à venir retirer à l’IUT Michel de Montaigne à Bordeaux). Enfin, l’écoute de Steve Reich et de son morceau City life vous donnera un autre bon exemple de ce qui est possible de faire en terme d’alliages de bruits du quotidien et d’instruments de musique plus classiques. A noter que ce dernier est un des premiers à avoir utilisé les samples dans ses compositions symphoniques. Fin de la générosité. Fin de la chronique.

 

 

Maintenant, ouvrez grandes vos oreilles et votre esprit c’est le moment de passer à l’écoute. Je vous laisse aux bons soins de Jacque(s) et consort. Dîtes-moi si tout s’est bien passé en commentaires ou sur twitter. En attendant je retourne à mes fouilles musicales.

 

A la semaine prochaine,

Bisous.




Paul BONNEAU


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