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Dans la Hell's Kitchen d'Action Bronson

Il m’a fallu réentendre la voix d’Action Bronson sur le nouveau morceau "Dealer Plates", extraite de la mixtape Rogues Playlist Vol. 2 du producteur Harry Fraud; et une furieuse envie de manger quelque chose de consistant, de quoi survivre à la vague de froid bordelaise, pour reprendre le chemin des cuisines. Le genre de musique que l’on écoute en préparant son repas du soir. Et ça tombe bien, un album de 13 titres est le meilleur des minuteurs. Une chronique sur le pouce, entre poireaux et carottes, navets et gros sel.

 

 

Un début aux petits oignons

Au premier abord, rien de très sérieux ne semble sortir de ce visage jovial de Gargantua roux aux yeux encore dilatés par l’usage des fines herbes. Action Bronson est pourtant un rappeur de toute première fraicheur. Un certifié label rouge de pure souche américaine.

Né à Flushing dans l’Etat de New York, il se destine initialement à l’enfer fumant des cuisines des restaurants du Queens. C’est lors d’une convalescence qu’il prend la décision de devenir rappeur. Ce n’est donc que très récemment que l’ogre du Queens troque bien plus souvent la toque pour la casquette. C’est en 2011 que sort son premier album studio, Dr. Lecter en collaboration avec le producteur et DJ, Statik Salektah; puis son deuxième album, Well Done

La singularité de Bronson se distingue par son influence issue du rock psyché des années 60 et des hits funky des années 70. On retrouve de nombreux morceaux provenant de cette culture funk et jazzique (Brother Jack McDuff pour Shiraz, Dizzy Gillespie pour Get off my PP ou encore Mazhar ve Fuat pour Easy Rider) dans ses albums. Parait que c'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure confiture; celle de Bronson en sort bien plus sucrée, agrémentée par un flow gourmand aux remontées acides et à son grain qui emplit ses cordes vocales.

 

La première étoile Michelin de Mr Wonderfull

Tout juste le temps de faire bouillir la Coachella Valley Music and Arts Festival avant de se lancer dans l'élaboration de son troisième album studio. La crème de la crème, et ce n’est pas dans n’importe quel climat que cet album s’écoute. Il s'écoute dans son jus d'origine; entre les vapeurs d’eau, le ruissellement des oignons et le « fchuuuuiiii » du beurre qui fond - désolé pour l’imitation, j’imite très mal le beurre qui fond. C’est dans ce genre de milieu gustatif que le premier album sobrement appelé « Mr Wonderfull » prend toute sa saveur. Il fallait au moins ça pour lui faire honneur. On y retrouve les mêmes codes que sur les albums précédents, avec toujours cette attention particulière à varier les plaisirs et de nourrir sa passion pour la musique avec celle pour la cuisine. Le côté sympa du mélange des genres.

 

 

Pour ceux qui auront l’envie de venir faire un tour côté cuisine, Action Bronson anime de nombreuses émissions sur la cuisine, dont certaines dans l'excellent Munchies, rubrique gastronomique de Vice. Ces mêmes adeptes des détails ne pourront pas passer à coté de l’appétit vorace de l’ogre, dont la barbe hirsute en est le principal menu. Non, ce qui plait chez Bronson, c’est cette manière délicate d’appréhender les ingrédients. Il y a une passion qui pulse lorsqu’il porte à ses narines dilatés l’énorme pièce de viande ou le quart d’un camembert. Des gestes de passionnés où chaque ingrédient est un voyage en lui-même. A ce stade, ce ne sont pas de simples aliments, ce sont les devenir d’une composition géniale. J’aime à penser que ce même genre de respect pour les ingrédients se retrouvent dans la composition d’une musique, que les musiciens prennent autant de plaisir à faire un morceau que Bronson à sentir sa bouffe. Et à cette manière lente d’apprécier les bonnes choses, la musique comme la nourriture deviennent plaisir d’hédoniste.

 

See you soon, Space Cowboy

 

Simon RENIER


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