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Bigflo et Oli : Les frérots ont enflammé le Rocher à Bordeaux

Après la sortie de “La Vraie Vie”, album qui propulsa les frangins en première place des ventes dès sa sortie et certifié disque de platine en seulement 3 mois, Bigflo et Oli ont décidé de se lancer dans une tournée homonyme. De passage à Bordeaux le 10 novembre 2017, ils ont su remplir les 1200 places du Rocher de Palmer et mettre tout le monde d’accord.


Bigflo sur scène / Photo : Victor BONNEFOY

« C'est l'histoire de deux frères, qui écrivent dans leur chambre »

Le duo Bigflo & Oli, c’est une histoire qui commence en 2005. A l’époque, les deux frères originaires de Toulouse sortent un premier clip de rap nommé “Château de carte” à 9 et 12 ans. Un enregistrement fait-maison, mais un talent déjà présent pour leur jeune âge. En 2011 et 2012, Florian et Olivio (de leurs vrais noms) publient “C’est que le début” et “Pourquoi pas nous ?” sur YouTube, deux clips plus travaillés qui leur permettront en 2013 de signer avec le label Polydor et de sortir leur premier EP en 2014 (Le Trac) qui signera pour eux le début de leur célébrité.

Dans “La Cour des grands”, premier album sorti en 2015, on découvre deux jeunes artistes modestes aux textes travaillés et sincères, loin de ces rappeurs Gangsta. Deux jeunes artistes qui aiment les mots et qui prouvent que malgré leur jeune âge, ils savent en jouer avec style. Deux jeunes artistes qui racontent des histoires et des situations qui peuvent se rapporter à Monsieur Tout Le Monde, en présentant des points de vue et cassant les raccourcis pour faire prendre conscience sans moraliser.

C’est ainsi qu’avec la réédition de leur premier album, vient le titre “Je Suis”. Un concentré de Bigflo et Oli. Un texte avec une écriture maîtrisée qui raconte un ensemble d’histoires, sans prendre part ni accuser. Ils viennent se placer dans la peau de personnages pour présenter avec une grande modestie et bienveillance les points de vue de chacun qui s’opposent parfois d’un couplet à un autre. On se retrouve avec une belle leçon d’humilité qui démontre les problèmes de chacun en leur accordant une crédibilité. Le tout au travers de figures de style et de jeux de mots dignes de grands écrivains.

La vraie vie

En 2017, les jeunes rappeurs sont revenus avec un second album, nommé “La Vraie Vie”. Un album critique pour ses auteurs, puisqu’après le succès de leur premier album, celui-ci était grandement attendu par leur public.

La vraie vie, un album qui permet aux Toulousains de se confier sur leur volonté de rester eux-mêmes et de ne pas s’éloigner de ce qu’ils veulent être. Une thérapie qui permet à ces artistes qui remplissent des salles complètes de garder les pieds sur terre et de s’obliger à rester dans la vraie vie.


Pochette de l'album

Certifié disque de platine (NDLR : Equivalent à plus de 100 000 albums vendus) seulement 3 mois après sa sortie, l’album a convaincu le public que l’on retrouve sur leur tournée du même nom, tournée qui aligne les salles complètes.
A Bordeaux, c’est le Rocher de Palmer qu’ils ont rempli le 10 novembre dernier. 1 200 personnes étaient là pour assister au spectacle. Un spectacle qui commence fort avec le collectif Berywam en première partie.

Les champions de France de beatbox en première partie

Berywam, c’est l’histoire de quatre beatboxers : Beatness, Rythmind, Wawad et MB14. Ces artistes sont capables, sans rien d’autre qu’un micro et leurs bouches, de reproduire les instrumentaux de nombreux classiques, de la trompette à la basse en passant par des cordes frottés.

Sacrés champions de France en groupe lors du 10ème championnat en 2016 (titre reconduit en 2017 pour Beatness et Rythmind), le collectif a ouvert le bal dès 20h30 sur la scène de la 1200 du Rocher. Petite déception de découvrir que MB14 ne serait pas présent sur scène ce soir-là, mais le collectif a quand même invité une autre grande pointure française du milieu : Saro, champion du monde 2017 de Beatbox, qui venait remplacer l’absent MB14.

Autant vous dire que c’était une entrée en matière à couper le souffle. Pour le public. Parce que du souffle, il en a fallu à ces jeunes artistes qui ont interprété des créations originales, des medleys, mais également des reprises de musiques des années 80 en hommage aux parents qui étaient présents dans la salle pour accompagner leurs enfants.

Saro nous a également présenté au Looper sa création qui lui a valu le titre de champion mondial.

Le rendu était époustouflant, des basses puissantes par Rythmind, des instruments et des voix imitées à la perfection avec notamment un registre de voix aigues pour Wawad surprenant et des solos de chacun qui ont su largement emporter et convaincre le public.


Berywam au Zénith de Toulouse / Photo : Thomas - Opus Musiques

Personnellement, cela faisait environ 6 mois que je les avais découvert sur Internet, déjà fan du talent de MB14 à l’époque. Quelle fut ma surprise lorsque j’ai découvert qu’ils réalisaient la première partie de Bigflo et Oli. Déjà largement admiratif de leurs productions publiées sur YouTube, je peux désormais vous l’assurer : en live, c’est gavé bien.

« Premiers mots du deuxième album, toujours avec mon frère »

Tels furent les premiers mots prononcés sur scène par les stars de la soirée. Après s’être faits désirer durant un court entracte d’une dizaine de minutes durant lequel, les fans bouillants les ont acclamés, ils ont débuté leur prestation par le premier titre du dernier album. Un titre relativement long (8 minutes) où Bigflo enchaîne en solo la première moitié de la chanson, suivi d’Oli à qui revient naturellement la seconde partie.

On découvre sur ce premier titre l’ensemble de la scénographie mise en place pour leur show : un écran géant sur lequel sont projetés différentes animations en relation avec les musiques donnant l’ambiance de la scène, une maison dont la terrasse supérieure accueille un DJ et sur laquelle on peut lire “La Vraie Vie - Chez Bigflo et Oli”, des lampadaires de ville reconstitués et deux blocs lumineux de part et d’autre de la scène qui leur permet de surplomber le public. Un décor travaillé donc, qui s’animera au fur et à mesure de l’avancée du spectacle.
Sur scène, Bigflo et Oli sont également accompagnés, en plus de leur DJ, de deux musiciens.

Les blagues sur la relation entre les Bordelais et les Toulousain(g)s ont elles non plus pas tardées, les artistes dénonçant un public très chaud à Bordeaux, mais moins que celui de Toulouse.

Avant d'enchaîner la suite du concert, ils mettent en place une routine avec le public, leur demandant de crier “C’est la vraie vie !” quand ils se mettent à énoncer le début de phrase “Ici, ici”. Une consigne que le public applique avec plaisir et qui suivra pendant les 2h30 de concert.

Les deux frères continuent à entonner des musiques de leur dernier album et quelques plus anciennes, Bigflo s’est d’ailleurs bloqué le dos en tentant une cascade et se fera charrier par son frère durant la suite de la performance. Le public lui, est emballé et se met à chanter en choeur l’ensemble des paroles.


Photo : Clément GARDIENNET - Les Nuits de Champagne

Arrive la musique “Salope !”, une chanson du dernier album puissante tant par son écriture, sa mélodie, que par sa chute. Une musique perçue par le public comme un hommage qui a fait preuve d’énormément de respect. L’outro au violon a d’ailleurs était prolongé spécialement pour la version live. Une musique qui n’est pas bonne pour l’ambiance mais qui a su faire ressentir beaucoup de sensations.

Avant d'interpréter la musique “Ça va trop vite”, les artistes demandent à la salle qui est capable de restituer l’un des derniers couplets qui a valu le record de rapidité de rap par Konbini devant Eminem. Deux filles montent sur scène et prouvent aux 1 200 témoins leur degré de fanitude et d'entraînement en relevant le défi sans encombre. Bigflo et Oli enchaînent avec leur prestation mais ne veulent pas s’arrêter là. “Les gens ne sont pas venus nous voir en concert pour avoir la même chose que sur le CD”. Il se mettent alors à reprendre leur couplet phare en l’accélerant de nouveau, pour un rendu synchronisé et assez bluffant.

Photo : Victor BONNEFOY

« - Ici, ici ?!
- C’est la vraie vie ! »

Durant tout le concert, ils font des références à leur vie en racontant des anecdotes, leurs premières expériences avec la musique et en énonçant l’amitié de longue date qui les lie avec leurs musiciens ou encore avec Wawad, le “WA” de BERYWAM. Durant “Papa”, des photos d’eux petits avec leur père passe également sur le fond de la scène. Une vraie fête de famille avec une même volonté que présente l’album : on veut garder les pieds sur terre et on vous le prouve. Ils en profitent au passage pour remercier leur public qui leur a permis d’être aujourd’hui là où ils sont.

La fin du concert approchant, Florian et Olivio se laissent profiter de la scène pour une partie plus freestyle, en séparant la salle en deux, un côté pour Bigflo, l’autre moitié pour Oli, en faisant un concours de qui a la moitié de public la plus chaude. Ils enchainent avec une série de petits clashs entre frères très appréciée par le public ; mention spéciale pour Bigflo avec sa référence à Bordeaux dans sa punchline “Tu es tellement fin que tu peux te cacher dans le miroir d’eau” qui lui aurait valu de remporter la battle. Au final, celle-ci s’est départagée sur un Shifumi. Oui, ça a un peu dérapé, quand on vous dit que c’était bien plus qu’un concert, mais un spectacle à part entière.


Bigflo et Oli en pleine battle / Photo : Victor BONNEFOY

Un très beau spectacle même, on a passé un très bon moment avec eux et nous sommes ressortis avec de beaux souvenirs et plein d'énergie avec l’envie de les réécouter en boucle. Bravo et merci les gars pour ce que vous faites!

Bonne chance
Quant à nous, on se reverra c'est sûr.

 

Quentin LECONTE


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