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Le Shintoïsme, partons aux sources du Japon d'aujourd'hui

     Bonjour à vous, amis lecteurs!

Cette semaine, on s'attaque encore à l'un des fondements de la culture japonaise : la religion shintoïste. Comme pour le Zen, le sujet est extrêmement vaste et ne peut certainement pas être couvert en une seule chronique. Ici, je vais essayer de vous présenter dans les grandes lignes cette religion, ainsi que l'influence plus large qu'elle a sur la vie quotidienne japonaise.

blogspot.com

Comme pour le Zen, il faut savoir que le shintoïsme a une place incroyablement importante au Japon. De telle sorte que très souvent, quand une œuvre japonaise fait référence à une religion, c'est souvent au shintoïsme : c'est le cas entre autres dans Princesse Mononoke (Hayao Miyazaki, 1997), l'animé Pokémon (1997 – ... ), ou dans Your Name (Makoto Shinkai, 2016). Du coup, cet article vous permettra de mieux comprendre la plupart des films japonais que vous verrez ensuite, ainsi que beaucoup de mes articles.

     Le shintoïsme, ou shinto pour faire plus court, qu'est-ce que c'est?

Dans les faits, le shintoïsme c'est d'abord une religion polythéiste et animiste. Polythéiste, c'est à dire qu'elle croit en plusieurs dieux, les kamis. Animiste, c'est à dire qu'elle pense que toute chose, animale, végétale ou minérale, animée ou inanimée, a une âme et ''vit'' au même titre que nous.

Et dans l'Histoire, c'est la première religion que le Japon aie connu et la seule qui soit fondamentalement japonaise. En effet, on retrouve des traces de ce culte dès les dernières ères préhistoriques du Japon. Le shintoïsme a toujours gardé une grande importance dans la vie japonaise, même si c'est le bouddhisme qui a été nommé religion d'état en 592 par une cour impériale fascinée par la Chine (qui avait déjà adoptée le bouddhisme depuis longtemps). C'est seulement à la fin du 19ème siècle que le shintoïsme fut renommé religion d'état, afin de raviver la flamme nationaliste du Japon et de redonner de l'importance à la lignée impériale (directement liée au shintoïsme, nous y viendrons). Cependant, après la deuxième guerre mondiale, l'empereur abandonne tout lien avec le divin et une séparation définitive est posée entre la religion et l'Etat, évitant ainsi toute nouvelle dérive désastreuse vers un trop fort nationalisme.

Aujourd'hui, le shintoïsme joue toujours un rôle fondamental dans la vie quotidienne, mêlant continuellement ses pratiques avec celles du bouddhisme. En effet, la plupart des japonais sont un peu shintoïstes et bouddhistes à la fois. Pour prendre un exemple, tout ce qui relève du mariage est généralement pris en charge par le shintoïsme, tandis que pour ce qui est des rites funéraires, c'est au clergé bouddhiste que l'on s'adresse.

kanpai.fr - Mariage célébré selon les rites shintoïstes.

     Les divinités du shintoïsme, les kamis.

wikipédia.org

Ces multiples divinités qui peuplent le panthéon shintoïste, et qui vont jusqu'à vivre dans des objets ou des éléments naturels, ce sont les kamis. Il en existe des dizaines de milliers à travers tout le Japon, rien que ça! Et pour cause, un kami, ça peut apparaître sous beaucoup de formes : on trouve tout d’abord tous les kamis qui représentent directement quelque chose, comme Inari, kami du riz, ou Benten, kami de la musique et des autres arts. Ils peuvent aussi être tout un tas d'esprits bienfaiteurs, ou malfaisants. Comme les onis (voir illustration à gauche), des démons se présentants souvent sous une apparence animale, le plus redouté d'entre eux étant le renard. De nombreux kamis sont également commune avec le bestiaire des yokaïs, ou les panthéons taoïste et bouddhiste. Pour finir sur ce panorama qui met en évidence l'incroyable diversité de ces divinités, je vous précise que toute personne décédée finit aussi par devenir un kami, certains d'entre eux devenants plus importants que d'autres, et pouvants même faire l'objet de cultes, comme c'est le cas pour certains empereurs défunts.

Bien évidemment quelques kamis de ce panthéon florissant se dégagent des autres par leur importance dans les textes sacrés. A commencer par le couple originel composé d'Izanagi et d'Izanami, qui a donné naissance au Monde ainsi qu'à de nombreux kamis dont Amaterasu : déesse du Soleil, et ancêtre présumée du premier empereur de l'Histoire du Japon, Jimmu Tenno. Les fans de Naruto (Masashi Kishimoto, 1999 – 2014) ont surement tiqué sur ces noms qui correspondent presque tous à des techniques signatures du clan Uchiwa! Pour parfaire l'analogie, je précise que le frère d'Amaterasu est le dieu des tempêtes et de la foudre : Susanoo, qu'il pourfend ses ennemis avec la lame Kusanagi et que, comme Sasuke, il s'est à un moment détaché de sa famille pour combattre en solitaire.

animevice.com - Le feu d'amaterasu dans Naruto.

     Au centre de la vie quotidienne japonaise.

Quand le bouddhisme s'intéresse beaucoup au Monde de l'esprit, le shintoïsme se concentre sur le Monde terrestre. Prônant notamment l'importance du respect de l'environnement, certains de ses lieux sacrés, voire même de ses divinités, étant directement des éléments naturels : le mont Fuji par exemple, surnommé Fujisan, est un lieu sacré de haute importance pour le shinto. Des cascades peuvent aussi faire l'objet de cultes par exemple. De cette manière, peut-être le shinto devient-il une religion plus proche des gens. Au final, les temples shintos, petits ou grands, mais souvent reconnaissables à leur torii (ce portail caractéristique qui sert d'entrée à la demeure du kami), sont disséminés dans le Japon tout entier. On en trouve des immenses, comme celui de Meiji-jingu dédié aux kamis des empereurs défunts en plein centre de Tokyo. Et des moins imposants qu'on retrouve dans tous les villages pour des cultes locaux, sur les toits des immeubles, dans les forêts... On en retrouve même des tout petits dans les demeures, dédiés aux âmes des défunts de la famille.

travelpast50.com - Sanctuaire shinto près de la ville de Nikko.

Au final, chaque village, chaque communauté, a son ou ses kamis locaux, ainsi que les fêtes qui vont avec. En plus de quelques événements nationaux fortement liés au shintoïsme comme la fête des morts ou la célébration du Nouvel An. Le shintoïsme est aussi à l'origine d'un concept qui déteint constamment sur le quotidien japonais : celui du wa, ou "harmonie". Le wa, c'est l'idée que tout dans l'Univers doit rester harmonieux, c'est de là que vient par exemple la mise en avant du groupe par rapport à l'individu dans la culture japonaise. Cette harmonie doit se retrouver dans le rapport de l'homme avec son environnement, dans son rapport avec la mort, ou, par exemple, dans le cadre privé de la maison : d'où les gestes quasi-rituels d'enlever ses chaussures dans l'entrée et de prendre un bain quotidien, des gestes qui visent tout simplement à maintenir une harmonie. Un déséquilibre peut être catastrophique et doit rapidement être réparé. Tant qu'il perdure, il peut notamment être la cause de la manifestation d'un Yurei. (Voir mon article sur le sujet!)

Les conséquences d'un déséquilibre du wa dans Princesse Mononoke (Hayao Miyazaki, 1997).

     Au cœur de la culture japonaise.

Avec cette influence énorme sur la vie quotidienne dans son pays, le shintoïsme, plus encore que le Zen, est majeur pour comprendre la culture japonaise. En plus, finalement, tous ces kamis, cette importance de la nature à laquelle est voué un véritable culte, n'est-ce pas aussi pour toutes ces raisons que l'on apprécie autant la culture japonaise? Croyez-moi, cette religion mérite votre intérêt, tant elle est riche d'images et de sens.

Sur ce je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel article Japon, et tchao!

Simon MORGAN


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